De la poésie, La Fontaine (1621-1695) a cru pouvoir dire, en forme d’oraison funèbre, que, de son temps, « cette princesse est morte ». Mais son œuvre de conteur et de fabuliste atteste que cette belle au bois dormant ne demandait pas mieux que d’être tirée de sa léthargie, qu’elle pouvait, telle Peau d’âne, se dissimuler sous le masque d’humbles animaux, et que,mariée à la prose, elle pouvait rajeunir un mythe aussi vieux que celui de Psyché. Moins « notre Homère » qu’émule d’Orphée, le poète, épris de diversité, touche à tous les genres, avec un bonheur inégal, mais toujours plus heureux quand il se laisse porter par la grâce ailée, la flexibilité mélodieuse et les ressources expressives des vers irréguliers. (J.-P. C.)