L’œuvre la plus achevée de la littérature romanesque chinoise, en 120 chapitres ; les 40 derniers auraient été complétésvers 1795 par Gao E sur des plans laissés par Cao Xueqin (1715-1763), mais rien n’est sûr sinon les divergences des manuscrits. Dans une prose d’une admirable fluidité, aérée de contrepoints en vers raffinés, c’est une sorte de temps retrouvé d’une adolescence passée au milieu de jeunes filles dans une grande famille mandchoue à l’époque de sa splendeur, qui n’est plus qu’un rêve. Son premier titre, Histoire d’une pierre, Shitou ji, souligne la contradiction du détachement bouddhiste de la désillusion et de la transmutation salvatrice qu’opère l’attachement amoureux. La richesse de la matière a poussé la critique marxiste à qualifier le Hong lou meng d’« encyclopédie du monde féodal à son déclin ». (A. L.)