«Chaque mot m'a coûté une goutte de sang.»
Ce vers, qui figure, selon une variante, dans le prologue du premier récit, montre bien que, pour Cao Xueqin (1715 ?-1763), Le Rêve dans le pavillon rouge est inséparable de sa personnalité et de son existence. Il définit son œuvre comme le résultat, « hors du commun, de dix années de labeur ».
Si, au dire de ses contemporains, Cao Xueqin était un génie multiforme, romancier, poète, peintre, calligraphe, joueur de cithare, chanteur et même acteur amateur, c'est à son roman que son nom doit de figurer parmi les plus illustres.
Écrit en pur dialecte de Pékin, Le Rêve dans le pavillon rouge, animé par ses quatre cent quarante-huit personnages parfaitement individualisés, avec ses multiples intrigues, trace une vaste fresque de la société chinoise au XVIIIe siècle. Le livre a pour thème central la décadence de la classe dirigeante et l'impossibilité pour elle de trouver des successeurs capables de faire face à la situation. Cette satire sociale est habilement dissimulée dans la trame du roman, qui dépeint la vie d'une famille aristocratique à son déclin, situation qu'a bien connue l'auteur.