Roger Martin du Gard (1881-1958), dans le bilan du XXe siècle, incarnera l’une des personnalités littéraires les plus probes, les plus solides, les plus fraternelles : on doit forcément revenir à son œuvre lucide, ironique et tendre, édifiée loin des modes et des chapelles, soucieuse des effets d’une écriture qui n’en finit pas de se remettre en question, entre l’héritage du naturalisme récusé après inventaire et « l’ère du soupçon » qu’elle annonce et illustre. Mais Martin du Gard ne s’enferme jamais dans l’esthétisme : ce farouche individualiste est un écrivain engagé, traquant les billevisées politiques, religieuses, morales et artistiques ; dans l’instabilité du monde et la folie des fanatismes, il incite à ne point désespérer de la raison. (C. S.)