L’œuvre de Julien Gracq (1910-2007) est faite à parts égales de fictions et de textes nés du contact avec le monde et avec l’art. Sa force tient à ce que les uns et les autres portent le sceau d’unmême imaginaire, révélé par le même style. Ils ont d’abord fait les preuves de leur pouvoir dans des récits et des nouvelles, avec chaque fois lamême fidélité à l’élan premier de l’imagination. Il en va de même dans les rencontres avec lemonde et avec l’art. Face à tant de paysages (du monde entier, mais d’abord de France : qui se sera arrêté devant autant de sites de ce pays pour en laisser se propager en soi les vibrations ?), à la lecture de tant de livres (qui auramieux fait le tour des oeuvres qui représentaient la littérature à son époque ?), il sait se laisser porter jusqu’au dernier mot par le mouvement intérieur, comme le surfer par la vague. (H. G.)