Les romans du Vaudois C. F. Ramuz (1878-1947) sont aussi liés aux paysages et aux paysans de la Suisse romande que les œuvres d’un Cézanne ou d’un Faulkner sont associées à la Provence et au Mississippi – et par cet enracinement, aussi universels, aussi forts. Car si son « pays » et ses personnages ont une présence si vibrante, c’est qu’il les a « inventés », c’est qu’ils ne vivent que de l’intensité de sa langue, du rythme de sa prose, alliant à un dépouillement inlassablement travaillé une extrême sensibilité poétique. Ramuz, trop mal connu, est l’un des quatre ou cinq plus grands poètes de la prose au XXe siècle.