Il fallait qu’enfin, dans cette langue dont on a trop souvent usé pour parler mal des Juifs, se fît entendre un point de vue juif sur la vie et sur la société. Cela est revenu à Albert Cohen (1895- 1981), qui était né à Corfou, mais qui avait été élevé en France, et qui était à même de tirer parti de toutes les ressources du français, pour le lyrisme comme pour le comique. Son œuvre est construite sur cette situation de Juif dans une société de non-Juifs, sur l’apport de la religion juive à une civilisation qui ne sait pas toujours le reconnaître, sur la spécificité ainsi conférée aux expériences de la séduction et de la passion. En quatre romans et trois livres autobiographiques, elle s’est assuré une place dans la littérature française de son temps. (H. G. )