Il est mort jeune, à quarante-cinq ans, mais il laisse une œuvre considérable, labyrinthique, construite comme autant d’expériences d’écriture. Une vie anéantie à peine commencée – père tué en 1940, mère disparue à Auschwitz. Pas de souvenirs d’enfance. De cette amnésie, Georges Perec fera le ressort de sa création littéraire : il ne cesse de chercher à retisser des liens et des repères par les lettres, le jeu, l’invention narrative. Son œuvre trace des chemins obliques pour lire le monde et son histoire. La vie de cet homme qui s’est reconstruit grâce à sa passion des mots s’entrevoit essentiellement à l’ombre et à la lumière de ses livres.
C’est en les lisant que Claude Burgelin s’efforce de retrouver la trame d’une vie et les secrets d’un imaginaire qui continue à fasciner par son charme indicible et ce qu’il conserve d’énigmatique. Il accompagne une enfance cassée avant d’être recréée par les ressources de l’intelligence. Esquisse le portrait d’un jeune homme déterminé à affronter l’existence en écrivant. Dessine un Perec partagé entre le travail de bureau et l’artisanat de l’écriture, expérimentateur de l’art d’écrire et de dire, paysan de Paris à la recherche de « l’infra-ordinaire », présent-absent de sa judéité qu’il revisite à Ellis Island, homme d’amitiés et de grands rires. Il vivra entouré d’une seule vraie parenté, tôt retrouvée auprès de certains auteurs, la famille de cet enfant de la littérature, qui a su devenir, par un infatigable labeur, un écrivain singulièrement heureux.