La puissance comique de l'œuvre d'Aristophane, seul vestige de l'ancienne comédie athénienne, et l'éternelle actualité des thèmes de ses pièces (critique de la guerre et des «marchands de canons», satire du monde politique et de ses démagogues...) ont fait admettre depuis longtemps son théâtre parmi les chefs-d'œuvre ; mais encore faut-il pouvoir lire Aristophane. Cette nouvelle traduction des onze pièces qui nous restent de lui, très fidèle à la lettre même du texte grec, respecte aussi leur forte inscription dans la vie quotidienne athénienne, en évitant autant que possible les transpositions trop faciles. Les réjouissantes inventions de ce virtuose de la langue sont restituées sans être affadies. L'humour peut alors être saisi à la fois dans toute sa finesse, dans sa fantaisie débridée et, le cas échéant, dans sa grossièreté : ne nous méprenons pas, le vieil Aristophane surprend, trouble et choque encore.
Il fallait en outre que le lecteur puisse se représenter concrètement ce qu'était un spectacle dramatique grec ; une grande attention a donc été portée aux questions de mise en scène. Aristophane apparaît alors tel qu'il est, à l'image d'une culture que l'on a trop souvent tendance à assimiler à la nôtre : différent, étrange, mais universel, parce que d'une très profonde humanité.