Des trente-six tomes de l'Histoire naturelle, ce volume propose un choix de textes organisé selon le plan tracé et suivi par Buffon ; il est illustré de cent vingt gravures tirées de l'édition originale. L'ouvrage fut l'un des plus retentissants succès de librairie au XVIIIe siècle, lequel reconnut immédiatement le génie littéraire de l'auteur. Au XIXe, on le classe parmi les quatre écrivains les plus éminents du siècle précédent, avec Montesquieu, Voltaire et Rousseau. L'Histoire naturelle est bientôt déclinée en anthologies, du Buffon des écoles au Buffon des familles, en passant par le Buffon des demoiselles. Et, au XXe, Francis Ponge salue Buffon comme «l'un des plus grands poètes en prose de notre littérature» – comme son égal, en somme. Pourtant, il y a quelques décennies, Buffon a semblé s'éloigner, au point qu'on pouvait le croire relégué dans les limbes de la littérature. C'était compter sans l'imagination théorique d'un penseur auquel on a récemment rendu sa place au cœur des débats et des combats des Lumières. C'était compter, aussi, sans la force d'entraînement de la phrase, sans la variété de la langue, sans la liberté d'un style qui s'approprie le proche et le lointain pour nous parler du monde dans lequel nous vivons. Si le cheval a disparu de nos villes, si le chat n'est plus considéré comme le plus hypocrite de nos compagnons, si le désert et la savane sont devenus des destinations touristiques, les descriptions que Buffon en a données demeurent des documents sur une époque qui a disparu et des témoignages sur une sensibilité au réel qui peut rester la nôtre.