La richesse de l'œuvre poétique de Rilke est parfois occultée par la célébrité des Élégies de Duino et des Sonnets à Orphée. Cette nouvelle traduction, incluant une bonne moitié de textes encore ignorés du public français, a pour ambition de retracer l'évolution de l'œuvre dans son ensemble, depuis les poèmes de jeunesse célébrant les blondes jeunes filles et les paysages de Bohême, jusqu'à la poésie inspirée et parfois énigmatique des célèbres recueils. Pour la première fois, des poèmes épars ont été rassemblés en cycles autonomes. Certains de ces cycles s'imposaient ; les autres, apparemment moins évidents, respectent des choix exprimés par Rilke lui-même : c'est ainsi qu'est proposée une seconde partie des Élégies. Celles-ci sont en outre suivies de variantes et de fragments que Rilke avait rassemblés, et qui permettent d'éclairer la genèse du recueil ; de même, on a fait figurer à la suite des Sonnets à Orphée les annotations du poète, ainsi que des poèmes et fragments tirés de ce qu'il appelait leur «orbitaire». Enfin, trois pièces de théâtre, qui par leur caractère intimiste et leur réalisme évoquent H. Ibsen, révèlent une dernière facette d'un auteur encore fortement ancré dans le XIXe siècle, mais qui par toute une partie de son œuvre appartient sans conteste à la modernité.