Ce volume donne à voir toutes les facettes de l'œuvre de Malraux. Le romancier y côtoie l'essayiste, le penseur de tous les arts – cinéma, peinture, sculpture, littérature – et du Musée imaginaire, l'(anti-)mémorialiste, et l'orateur dont la voix retentit dans «la nuit de décembre à Paris, avec des étoiles glacées au-dessus de la découpure des cheminées de Daumier», pour accompagner Jean Moulin au Panthéon. Cette voix en apparence officielle a parfois couvert celle de l'écrivain. L'une et l'autre sont pourtant au service d'une même réflexion sur la condition de l'homme. Le titre du roman de 1933, La Condition humaine, pourrait être celui de l'œuvre tout entière.
Au tragique de l'Histoire, qui fait la toile de fond des romans et, aussi bien, celle des écrits mémoriels, répondent toujours, chez Malraux, des scènes de fraternité, parmi les plus fortes que l'on ait jamais écrites. À la pensée de la mort succède la grâce fugitive d'un pur étonnement de vivre. Au monde tel qu'il est s'oppose la création artistique, qui ne transcrit pas le réel, mais rivalise avec lui. Partout, cette «avidité d'absolu» que Malraux avait perçue chez Goya. Partout aussi, cette touche de farfelu grâce à laquelle l'écrivain, sa vie durant, a entendu faire contrepoids à l'Histoire et saper l'illusion d'un monde en ordre. «Me croyez-vous mort?» lui écrivait Picasso, que l'on avait oublié d'inviter à une exposition de ses propres œuvres. «Me croyez-vous ministre?» lui répondit Malraux.
Malraux, le croyez-vous ministre? Il l'a été, et non des moindres, dans une fidélité souvent mal comprise à ses engagements de toujours. Mais il fut avant tout un écrivain. Quarante ans après sa mort, où en sommes-nous avec Malraux écrivain? Ce volume est l'une des réponses possibles à cette question. Il propose une traversée de tout l'univers des formes explorées par Malraux, la (re)découverte d'ouvrages et de textes majeurs, inégalement célèbres, et l'occasion de percevoir la profonde unité d'une œuvre qui formulait, au siècle dernier, toutes les interrogations qui agitent notre temps et nos vies.
Rendre André Malraux aux lecteurs.
L'auteur de "La Condition humaine" intimide, sa biographie écrase l'œuvre. Une nouvelle "Pléiade" paraît, composée pour redonner le goût de l'explorer.
Jean-Louis Jeannelle, Le Monde des Livres (21 octobre 2016)
«A un journaliste qui lui demandait, en novembre 1975, s'il se reconnaissait plutôt comme écrivain, homme politique ou orateur, André Malraux (1901-1976) répondit aussitôt: : "Forcément : écrivain." L'œuvre contre la biographie : à ses yeux, la cause était tranchée, et le volume qui paraît aujourd'hui dans «La Pléiade» en apporte l'indéniable confirmation. Mais de quels textes est-il ici question ? La parution en 2010, dans la même collection, du tome VI des Œuvres complètes d'André Malraux, consacré aux Essais, avait clos un projet éditorial commencé vingt ans plus tôt.
L'entreprise est néanmoins relancée par ce nouveau volume, troisième d'une série, « Tirage spécial», réunissant un choix de textes (accompagnés de leur appareil critique) parmi les œuvres complètes d'un auteur. «Il ne s'agit aucunement d'un best of», précise Hugues Pradier, directeur de la « Bibliothèque de la Pléiade » : «Sélectionner les écrits les plus célèbres ou les meilleurs n'aurait pas de sens (d'ailleurs, meilleurs à quel titre ?). Il s'agit, en un volume, de proposer une vue d'ensemble, un parcours "bis" qui permette de couvrir toutes les facettes d'un écrivain.» Ni «Pléiade» allégée, ni Panthéon portatif, La condition humaine et autres écrits offre, pour Malraux une chance d'échapper à la naphtaline.»
André Malraux, un jeune auteur à découvrir !
Quelques-uns des textes les plus importants de l'auteur de "La condition humaine", disparu il y a 40 ans, sont rassemblés dans un volume de la Pléiade.
Jérôme Béglé, www.lepoint.fr (24 septembre 2016)
«Ce livre constitue - à ce jour- le seul hommage digne de ce nom qui soit rendu à André Malraux.»