En Mallarmé (1842-1898) s’incarnent, derrière une vie bourgeoise de professeur chahuté, la rareté et la musique du poème, poussées à des limites extrêmes. Il laisse une série de textes en prose suggestifs dans leur savante ambiguïté ; mais surtout, travaillant ses vers durant des années, les modifiant dans le sens d’un hermétisme accru et d’une sonorité plus subtile, où la hantise du vide s’allie à un sourire narquois et à une sensualité toujours en éveil, il a, pour donner une « explication orphique de la terre », produit une œuvre poétique mince en quantité mais d’une densité et d’une richesse prodigieuses. (P. C.)