Derrière la rassurante façade d’une langue classique, l’œuvre de Julien Green (1900-1998) déroute et retient le lecteur par son étrangeté à notre monde. La beauté aveuglante des corps interdits surgit dans les écrits autobiographiques avec la même brûlante intensité que dans les romans, mais une inquiétante innocence y protège l’auteur et la tentation ne le conduit jamais jusqu’à la nuit du doute et de la destruction. Les personnages de ses romans souffrent la tragédie que l’écriture lui a peut-être permis d’éviter : la sérénité des dernières œuvres le prouverait, qui suggère l’accomplissement de la mission cathartique des fictions. (J.-L. F.)