Étonnante carrière que celle de cet orphelin élevé à Port-Royal et devenu historiographe de Louis XIV ! Molière, le premier, lui donne sa chance. Il connaît la notoriété dès sa seconde pièce et remporte un triomphe avec la troisième, qui l’impose comme le successeur d’un Corneille vieillissant. Il n’hésite pas dès lors à porter la lutte sur le terrain de son rival, celui de l’histoire romaine et de la politique. Mais, après un détour par l’Orient moderne et ancien, Racine (1639-1699) ramène la tragédie française, dans ses deux dernières œuvres profanes, à ses origines grecques, avant de réinventer, longtemps plus tard, le drame sacré. Nul n’a mieux allié noblesse et simplicité, ni doté le vers de ce charme mélodieux qui l’apparente à la musique. (J.-P. C.)