Pour avoir négligé de paraître grave, Jean Anouilh (1910-1987) passa pour léger. Il ne faut pourtant pas être grand clerc pour voir poindre derrière l’agilité souriante de ses pièces une interrogation inquiète sur la solitude des êtres (« Quel monde incompréhensible, les autres ») et sur l’unité du moi. Nostalgie de la pureté, douleur des compromissions : dans ce théâtre, l’homme est déchiré, souffre de sa blessure, et a la politesse de faire rire avec cela. Anouilh, « une grande oreille de janséniste sous un petit chapeau d’Arlequin », exprime à sa manière la crise de l’humanisme moderne.