Poésie qui décompose le monde en fragments, après un cataclysme, mais où l’on retrouverait quand même les baisers volés ? Ou bien comptines d’enfants dérobées à Rabelais ? Car le monde papillonne de bonheur dans Prévert (1900-1977), comme dans un rêve heureux. C’est cela, probablement, que les imbéciles ne lui pardonneront jamais, cette si naturelle pente à dire le fugace et à tenter de le retenir, au point que Prévert a du inventer sa propre forme littéraire pour n’en rien perdre : l’inventaire. Par ses vers – dont Kosma a trouvé la musique – mais aussi par ses collages et ses films, il a coloré notre âme. (J. F.)