La pensée de Nietzsche (1844-1900), hantée par les origines, celles d’avant la tradition – qu’il ne cessera de fustiger –, marque une rupture avec la philosophie occidentale fondée sur l’héritage platonicien, aristotélicien et sur le christianisme. Chantre aristocratique de la mort de Dieu, de la fin de l’« arrière-monde » illusoire des idées, du devenir comme éternel retour du même, il brise les systèmes, le moi spéculaire et, lucide jusqu’au désespoir – jusqu’au discours éclaté –, prophète de l’avènement de l’irréductible subjectivité, il proclamera : « J’ai peu à peu compris que toute grande philosophie jusqu’à ce jour a été la confession de son auteur et constitue ses Mémoires. »