Ernst Jünger (1895-1998) est au coeur des conflits majeurs du XXe siècle. Le jeune guerrier de 14-18 transfigure les notes de ses carnets et témoigne de son expérience – ivresse du combat et horreur quotidienne du front – dans Orages d’acier, que Gide considérera comme « le plus beau livre de guerre ». Mobilisé en 1939, officier de l’Occupation allemande à Paris, l’homme mûr, hostile aux nazis, rend compte dans un style très différent, mais avec la même authenticité, de l’extrême difficulté qu’il y a à « conserver, selon le mot d’Hannah Arendt, son intégrité dans un monde où vérité et moralité n’ont plus aucune expression visible ».