Toute l’œuvre de Claude Simon (1913-2005) est profondément marquée par cette heure de mai 1940 durant laquelle il suivit son colonel « avec la certitude d’être tué dans la seconde qui allait suivre ». Son écriture, dont la précision fascinante se teinte toujours d’humour, vise d’abord à restituer au plus près la multitude de sensations et d’images qui, quelle que soit l’expérience – la destruction d’un escadron pendant la débâcle, la révolution espagnole, la jalousie, une course de chevaux… –, assaillent à chaque instant la conscience. Mais de La Route des Flandres au Jardin des Plantes, le sentiment du chaos universel cède peu à peu la place à celui de la « somptueuse magnificence du monde », dont l’écriture devient la rivale plus que le simple reflet.