Vian – l’écrivain – fut longtemps masqué par son propre personnage. Son œuvre elle-même porte le masque. Le langage y est un terrain de jeu ; les codes romanesques y sont systématiquement détournés ; la réalité y est projetée « en atmosphère biaise », autrement dit poétique. Elle en sort distordue, mais neuve. Car le jeu est tout sauf gratuit. Boris Vian (1920-1959) fut un zazou, mais « un zazou ténébreux ». Dans ses romans et ses nouvelles, il s’est construit un univers à sa mesure, où se côtoient l’angoisse de la mort, la haine de la souffrance, le goût de la vie et toutes les forces du rêve.