Ses textes ont longtemps été considérés comme des documents à réserver aux médecins, aux juristes ou aux amateurs de curiosa. Il fallait être Apollinaire pour penser que l’écrivain Sade, « qui parut ne compter pour rien durant tout le XIXe siècle », pourrait « dominer le XXe ». Encore la prédiction serait-elle restée lettre morte sans les éditeurs courageux, les Heine, Lely, Pauvert, qui ouvrirent la voie. Avec l’entrée de Sade dans la Pléiade, en 1990, un nouveau cap est franchi. Le texte des œuvres est établi dans le respect de la langue de l’écrivain, les illustrations originales sont reproduites et décrites, l’annotation permet de situer l’auteur dans l’imaginaire de son temps. Et, faut-il s’en étonner ? Le sérieux de l’édition n’édulcore pas l’œuvre ni ne réduit l’effet de sidération qui accompagne sa découverte.