Indépendante de tout mouvement littéraire, fût-ce celui du Nouveau Roman auquel on l’a souvent assimilée, Nathalie Sarraute (1900-1999) est une pionnière solitaire. Après avoir étudié « au microscope et au ralenti » les mouvements intérieurs de personnages libérés de tout élément psychologique, ses récits ont peu à peu pris pour sujet le langage parlé et le langage pensé eux-mêmes : « l’usage de la parole », dont les phénomènes sont analysés dans leur moindre vibration.