«Résumer toutes les connaissances géographiques, géologiques, physiques, astronomiques, amassés par la science moderne, et refaire, sous la forme attrayante et pittoresque qui lui est propre, l’histoire de l’univers», tel était le programme que Jules Verne se fixait en 1866, à en croire la prose de son éditeur, Pierre-Jules Hetzel. Des entrailles de la Terre aux profondeurs célestes, en passant par la surface de «notre sphéroïde», tel est le parcours que propose ce volume, qui réunit trois des romans les plus célèbres de Verne et un dernier, moins connu mais dont la fortune ne fut pas négligeable. Parcours dans l’espace, dans le temps, et dans notre propre histoire : de la faune préhistorique du centre de la Terre à la moderne conquête de l’infini stellaire, Jules Verne conduit son lecteur sur la route d’un voyage intérieur. Publiés entre 1864 et 1870, Voyage au centre de la Terre, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune assoient la célébrité de leur auteur. Ils mènent aux confins des mondes connus, à la recherche du «point suprême» (M. Butor), là où réel et irréel se confondent. Une fois parcourus ces mondes insondés, une fois explorées les régions mythiques où l’homme doit se dépasser, il ne reste plus que la surface du globe terrestre à sillonner. Il n’y aurait alors plus de «voyages extraordinaires»?
Le Testament d’un excentrique, roman tardif (1899), fait d’un pays, les États-Unis, un gigantesque terrain de jeu. Dans une lettre de 1898 à son éditeur, Verne s’exclame : «j’en ai absolument fini avec les enfants qui cherchent leur père, les pères qui cherchent leurs enfants, les femmes qui cherchent leurs maris, etc.». Le but de ce nouveau voyage (tout aussi extraordinaire que les autres) sera le voyage lui-même, et son utilité ne réside plus que dans les aléas des profits et des pertes réalisés à coups de dés. Six puis sept concurrents parcourent le pays au gré d’un gigantesque jeu de l’oie organisé par un milliardaire dont ils espèrent hériter. Jules Verne inverse ses procédés habituels : après des voyages guidés par le sens vient le temps du non-sens géographique dans un voyage littéralement «désorienté». Plus de terrains à conquérir mais des terrains déjà conquis à parcourir au rythme d’une course folle, insensée. Roman qui érige la contrainte en règle et qui par là-même fait preuve d’une liberté inouïe, Le Testament d’un excentrique a eu un héritage foisonnant : de Queneau à Cortázar, sans oublier Perec, qui aurait voulu «écrire des romans comme Jules Verne». Roman scientifique, roman d’anticipation, roman d’initiation ou encore roman à contraintes, les facettes de l’œuvre de Jules Verne se télescopent pour ouvrir les portes de notre imaginaire.
II n'y a pas d'âge pour lire ou relire Jules Verne et s'enchanter de ses périples fascinants entre ciel et Terre.
Gilles Heuré, Télérama (25 juin-1 juillet)
«Dire toute la Terre» avec l'appui des sciences, le sens du récit et l'art du rebondissement romanesque : tel a été, pour écrire ses Voyages extraordinaires, l'ambition de Jules Verne, formidable conteur dont les œuvres, quel que soit l'âge auquel on les aborde, ne peuvent que captiver.»
Jules Verne n'est pas fait pour les enfants.
« Quatre romans de l'auteur français sont publiés dans la Pléiade. L'occasion de se rendre enfin compte qu'il n'est pas celui que vous croyez.»
« Gallimard publie ces jours-ci dans sa magnifique collection La Pléiade quatre romans de l'auteur français : trois textes de quasi-science-fiction Voyage au centre de la terre , De la terre à la lune , Autour de la lune et un récit très méconnu Le Testament d'un excentrique . Une occasion unique pour rendre au Nantais la place qu'il mérite : entre Maupassant, Balzac, Dumas, Stendhal et Zola, les géants du XIXe siècle non loin des génies Flaubert et Hugo. L'inventivité de Verne, son incroyable capacité à inventer des mondes et des univers, son talent de grand architecte et, contrairement à l'étiquette qu'on lui a trop paresseusement collée, ses grandes qualités d'écriture méritent qu'on lui accorde enfin la place dont il est digne.»