Des textes français qui rapportent, en vers, cette légende, qu'avons-nous conservé ? Le roman de Béroul, dont manquent le début et la fin ; celui de Thomas, réduit à des fragments ; le Lai du Chèvrefeuille de Marie de France, 118 vers ; et deux récits anonymes, la Folie Tristan d'Oxford et celle de Berne. Le reste ? perdu, sans doute à jamais, malgré la découverte récente d'un fragment (ici révélé) du poème de Thomas. Étrange fortune que celle de ces œuvres dont le succès fut immense, mais qui ne subsistent qu'à travers des épaves somptueuses, comme si les textes s'étaient dissous dans le mythe qu'ils firent naître. À qui donc devons-nous de si bien connaître cette histoire ? À Eilhart d'Oberg, poète allemand du XIIe siècle, auteur d'un Tristrant proche du récit de Béroul ; à Gottfried de Strasbourg (XIIIe siècle), adaptateur de Thomas ; à Ulrich de Freiberg et Heinrich de Türheim, continuateurs de Gottfried ; à frère Robert, un Norvégien, qui donna en 1226 une Saga de Tristan ; et à l'auteur du Sire Tristrem composé en anglais vers 1300. Leurs ouvrages, mieux conservés que les textes français, les accompagnent ici, avec d'autres fragments tristaniens - allemands, italiens, tchèques, scandinaves, français. Tous différents, ils disent tous l'essentiel : la passion et la mort de deux êtres qui s'aimaient au point de ne pouvoir supporter la séparation.