La Pléaide

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Virginia Woolf

Mrs Dalloway et autres écrits

Tirage spécial Édition et trad. de l'anglais par Jacques Aubert, Laurent Bury, Marie-Claire Pasquier et Michèle Rivoire. Préface de Gilles Philippe

Parution le 27 Février 2025
Bibliothèque de la Pléiade
rel. Skin, 104 x 169 mm

ISBN : 9782073098559
Code distributeur : G09891
GENCOD : 9782073098559

1925, 1928, 1929. Mrs. Dalloway, Orlando, Une pièce à soi. Un roman ; une biographie, autre forme de roman, surtout quand le personnage biographé est imaginaire ; un essai enfin, qui expose en particulier les raisons pour lesquelles la sœur de Shakespeare n’a pu écrire les pièces de son frère (ce n’est pas seulement parce qu’elle n’a pas existé), et, plus généralement, les conditions matérielles qui doivent être réunies pour qu’une femme puisse se consacrer à l’écriture.
Mrs. Dalloway et Orlando sont deux romans aussi différents que complémentaires. Le premier, que Woolf pensa longtemps intituler Les Heures, se déroule à Londres en un jour, qui est la grande journée de Clarissa Dalloway, et le dernier jour de Septimus Warren Smith. Le second, qui aurait pu s’intituler Les Siècles, court sur 350 ans, et jusqu’en Turquie. D’abord appelé à la cour d’Elizabeth Ire, un jeune aristocrate se réveille un jour femme, au siècle suivant ; à la fin du livre – en octobre 1928 –, elle est trentenaire, mariée, et elle a fait paraître « Le Chêne », un poème auquel elle – ou plutôt il puis elle – travaillait depuis 1586. « Dans chaque être humain se produit une oscillation d’un sexe à l’autre… »
Très vite, la France s’intéresse à ces romans. Louis Gillet prend prétexte d’Orlando pour consacrer à Woolf une étude dans la Revue des Deux Mondes. Il a compris à quel point la question de la création féminine lui importe, mais l’éloge a ses épines : le grand livre, selon lui, c’est Ulysse. (Woolf allait longtemps être comparée à Joyce, et plus encore à Proust, que le mari de Vita Sackville-West tenait d’ailleurs pour le plus grand des romanciers anglais.) « Orlando est un ravissant bibelot d’étagère, et jolies choses ou jolies femmes sont à leur place dans un salon. » Le hasard des dates est cruel : nous sommes en 1929, Gillet ignore encore qu’Une pièce à soi (une pièce qui n’est pas le salon) apporte une réponse cinglante à son appréciation. Mais cet essai est un manifeste littéraire aussi bien que social, et une composante essentielle de l’art poétique que Virginia Woolf construit texte après texte.
Quant à Mrs. Dalloway, elle aurait donc cent ans. On a peine à le croire. Le livre, lui, est toujours aussi neuf, ce qui n’est pas le cas de tous les romans « expérimentaux ». Il est vrai qu’il ne se résume pas à l’usage virtuose d’une technique narrative, si nouvelle soit-elle. Y coexistent la vie et la mort, la raison et la folie, la durée et les instants, « le temps qui se marque sur l’horloge et le temps qui réside dans l’esprit » (Orlando).
La lumineuse préface de Gilles Philippe éclaire les ouvrages ici réunis, trois moments forts dans une période d’écriture décisive pour Virginia Woolf. Une pièce à soi entre au catalogue de la Pléiade dans une traduction inédite de Laurent Bury.