Cette édition, établie et préfacée par Marcel Arland, permet au lecteur d'avoir enfin réunies toutes les pièces de Marivaux, «à la fois le bénéficiaire et la victime de la Comédie-Française, des précis de littérature et des éditeurs. On ne joue plus que cinq ou six de ses pièces :
Le Jeu de l'Amour et du Hasard, Les Fausses Confidences, L'Épreuve, Le Legs, Arlequin poli par l'Amour... Ce sont elles qu'étudient les professeurs, elles aussi qui s'offrent d'abord dans les Œuvres choisies, où les rassemblent leurs caractères communs. Je sais bien qu'elles comptent parmi les meilleures de Marivaux, que,
même, trois d'entre elles peuvent être tenues pour ses chefs-d'œuvre... Mais le réduire à trois ou à comédies, même à la douzaine que comportent les meilleurs recueils, lui qui nous en a laissé trente-quatre et qui en écrivit davantage, c'est montrer la même injustice que si l'on ramenait Corneille aux quatre ou cinq chefs-d'œuvre scolaires...
On n'a pas fini de découvrir Marivaux. On le croyait fixé à une époque, et son art n'a pas vieilli, non plus que le monde qu'il met en scène. On parlait de simple badinage : c'est d'abord son audace qui nous étonne. Et de coquetterie, de métaphysique : il nous émeut par son frémissement et son humanité. On le réduisait à une formule et un sujet, alors qu'il aborde tous les genres et passe de la pure analyse à la critique morale ou sociale...»
Marcel Arland.