Dans les années 1640, à la veille de la chute de la dynastie Ming, Feng Menglong, éditeur dans la ville de Sushou, eut l'idée de constituer une anthologie de quarante contes puisés dans divers recueils à succès, parfois très anciens. Ce florilège d'histoires piquantes ou édifiantes, galantes souvent, décrit la vie de la société de l'époque, ses coutumes, ses superstitions.
Écrits en langue vulgaire, c'est-à-dire dégagés du canon des grands classiques chinois, et reprenant les thèmes chers aux conteurs publics, ces textes - anonymes parce que considérés comme subversifs - sont un minutieux assemblage de diverses anecdotes, chaque chapitre étant composé d'une ou de plusieurs histoires préliminaires, sortes de parades aménagées pour allécher le lecteur, mais aussi pour le placer dans une certaine disposition d'esprit avant d'aborder le conte principal.
L'agencement des contes au sein même du recueil est lui aussi très étudié ; ils fonctionnent deux à deux, et le dernier conte renvoie au premier formant ainsi une boucle.
Cette ingénieuse disposition est signifiante : en imprégnant le lecteur, la contagion gagne les personnages ; d'un chapitre sur l'autre les situations, insensiblement, prennent un tout autre relief.
Cette nouvelle traduction présente pour la première fois l'intégralité des Spectacles curieux d'aujourd'hui et d'autrefois.