Après le théâtre de Jean Genet, la Pléiade propose ses romans et ses poèmes. L’écriture de ces textes se concentre sur une période remarquablement brève: six années, de 1942 à 1948. Découvrant Notre-Dame-des-Fleurs en février 1943, Cocteau s’exclame: « c’est le grand événement de l’époque. Il me révolte, me répugne et m’émerveille. » Deux ans plus tard, à la lecture de Pompes funèbres, il y revient : « C’est le génie même. Et d’une liberté si terrible que l’auteur se met hors d’atteinte, assis sur quelque trône du diable dans un ciel vide où les lois humaines ne fonctionnent plus (deviennent comiques). » L’apparition de Genet dans le monde littéraire fait figure de déflagration. Dans son œuvre se donne à voir « l’envers du monde » : un univers, serti dans une langue où se côtoient le langage le plus ordurier et un pur style classique, dans lequel des hommes chargés de crimes aspirent à une certaine sainteté.
La plupart des œuvres inscrites au sommaire du volume étaient connues par la version qu’en proposent les Œuvres complètes de Genet, qui commencent à paraître chez Gallimard en 1951. Mais le texte de ces volumes avait été révisé, soit par Genet, soit avec son assentiment, de manière à atténuer certains éléments sexuels et politiques. La présente édition revient systématiquement au texte des premières publications clandestines. Ces versions n’étaient jusqu’à présent accessibles au grand public que pour Pompes funèbres et pour Querelle de Brest. Ce volume est donc l’occasion d’une redécouverte, spectaculaire et radicale, des œuvres romanesques de Genet.