Ce volume concerne la seule Assemblée constituante. Il peut être lu selon deux axes : organisé par auteurs, il permet au lecteur qui s'intéresse par exemple à Mirabeau de trouver à la suite, dans l'ordre chronologique, tous les discours du député d'Aix ; comprenant un tableau thématique, il offre la possibilité de reconstituer aisément la succession des événements et des questions à l'ordre du jour : la peine de mort, le droit de paix et de guerre, le serment ecclésiastique, etc.
C'est la première fois qu'un tel corpus de textes est établi, annoté, largement diffusé. L'instrument est là qui aide à comprendre la place tout à fait spécifique que tiennent les Constituants dans l'Histoire. Les discours dont se compose le livre mettent en évidence l'extraordinaire audace de notre première Assemblée nationale ; l'Introduction de François Furet et Ran Halévi y insiste : « (...) des deux problèmes classiques que la Révolution française pose à l'historien : celui des causes de 1789, et celui de la dérive de 1789 à 1793, le second est peut-être moins énigmatique que le premier. Et la radicalisation du processus révolutionnaire après 1789, moins difficile à expliquer que la radicalité de 1789.»
En peu de mois, les députés qui composent l'Assemblée constituante ont jeté bas les institutions de la société aristocratique, ils ont voté une Déclaration des droits de l'homme et ils sont en train de reconstruire le contrat social sur la souveraineté du peuple et sur la volonté libre des individus : ils ont en somme inventé à la fois «l'Ancien Régime et la Révolution». De ce qu'ils ont fait en un éclair, l'essentiel a traversé les siècles qui suivent : le monde des solidarités verticales et des réseaux de dépendance est définitivement détruit. Ils n'ont certes pas tardé à se diviser sur les conséquences des principes qu'ils ont énoncés. Mais la radicalité de 1789, sans précédent et sans imitateurs, donne à leur œuvre la formidable unité d'une action collective.