«Je m’étudie à disposer par ordre ce que je dis, afin d’en donner plus claire et facile intelligence», écrivait Calvin. Ainsi a-t-on fait dans ce volume, qui voudrait faire redécouvrir ou (soyons francs) découvrir une œuvre à facettes. Au sommaire, plusieurs sections : Calvin théologien, prédicateur, pédagogue, polémiste, épistolier, associé à la mise en place de structures sociales, économiques ou politiques appelées à se développer pendant des
siècles, Calvin «autobiographe» aussi, même si le mot est infidèle à ce que sont vraiment les textes dans lesquels l’homme transparaît derrière le réformateur. Et au-delà de ces facettes, une constante : Calvin écrivain, l’un des créateurs de la langue française classique, l’inventeur d’un art d’écrire qui forme une «rhétorique de la simplicité», le maître d’un style qu’un de ses plus farouches détracteurs qualifiait, à regret, d’«éloquent et
admirable», et sans la ravageuse efficacité duquel ses idées n’auraient pas eu l’influence (immense) qu’elles ont exercée sur la société et la culture modernes. Il y a une légende noire de Calvin, le bourreau de Michel Servet, le chasseur de sorcières, l’organisateur de la théocratie genevoise… et il y a la réalité complexe, contrastée, d’un homme qui, par-delà les luttes dont sa vie fut émaillée, voyait la «vraie et certaine sagesse» dans une double
connaissance : celle de Dieu, celle de soi. Calvin est né en 1509. Cinq cents ans plus tard, tâchons de lui rendre toute sa complexité.