Aux lecteurs abordant le continent d'Ormesson s'offrent deux entrées. D'un côté l'œuvre du bâtisseur de cosmogonies, adressées au plus large public, mais suscitant l'intérêt d'astrophysiciens ; de l'autre celle de l'écrivain travaillant une matière intime. En réalité, les livres de Jean d'Ormesson entrelacent si bien ces deux aspects que l'interrogation sur le monde et la quête autobiographique n'y font qu'un. «Je ne crois qu'à l'anecdote et à la métaphysique», dit l'un de ses personnages.
Ce second tome, dont Jean d'Ormesson a composé lui-même le sommaire, s'ouvre sur une renaissance. Le récit intitulé Le Vagabond qui passe sous une ombrelle trouée (1978) marque un retour à la littérature après un passage à la direction du Figaro. Le volume se referme sur un autre texte autobiographique, Je dirai malgré tout que cette vie fut belle (2016), dans lequel l'auteur met sa vie en procès. Entre ces deux pôles, quatre livres décisifs. Roman des romans, La Douane de mer (1994) est animé par une gigantesque ambition littéraire, tandis que Voyez comme on danse (2001) s'épanouit au milieu des ruines de l'Histoire. Pour d'Ormesson «le monde est un puzzle», et il revient au romancier d'en assembler les pièces, quitte à faire vacilIer le genre du roman, comme dans C'est une chose étrange à la fin que le monde (2010), que vient compléter Comme un chant d'espérance (2014), son testament spirituel.
L'immense popularité de Jean d'Ormesson a pu contribuer à masquer ses audaces. Or l'art de la conversation, dont il était un maître, trouve des échos surprenants dans des formes dialoguées qui bousculent les règles de la narration. L'œuvre de l'un des plus égotistes de nos écrivains est ici éclairée par un stendhalien éminent : Philippe Berthier.
Jean d'Ormesson est vraiment immortel
Olivia de Lamberterie, Elle, (12 octobre 2018)
«On fonce acheter le volume II de son œuvre qui vient de sortir dans La Pléiade, comme aimait à dire ce grand homme : c'est épatant !»
Jean d'O bisse dans La Pléiade
Challenges, (27 septembre-3 octobre 2018)
«Quel bonheur de lire ou relire La Douane de mer, incroyable roman polyphonique qui se situe à Venise et où l'auteur porte au paroxysme son art (si français) de la conversation. Ou cette longue confidence autobiographique qu'est Je dirai malgré tout que cette vie fut belle. Quiconque aime la littérature et n'a pas lu d'Ormesson sait ce qu'il lui reste à faire.»