«C'est à Paris que j’ai écrit mes premiers romans, découvert l’Amérique latine et commencé à me sentir latino-américain ; j’y ai vu la publication de mes premiers livres ; j’y ai appris, grâce à Flaubert, la méthode de travail qui me convenait et su quel genre d’écrivain je souhaitais être. La France m’a enseigné que l’universalisme, trait distinctif de la culture française depuis le Moyen Âge, loin d’être exclusif de l’enracinement d’un écrivain dans la problématique sociale et historique de son propre monde, dans sa langue et sa tradition, s’en fortifiait, au contraire, et s’y chargeait de réalité.
«Fraîchement arrivé à Paris, en août 1959, j’ai acheté Madame Bovary à la librairie La Joie de Lire, de François Maspero, rue Saint-Séverin, et ce roman, que j’ai lu en état de transe, a révolutionné ma vision de la littérature. J’y ai découvert que le "réalisme" n’était pas incompatible avec la rigueur esthétique la plus stricte ni avec l'ambition narrative…»
Extrait de l’Avant-propos de l’auteur, inédit.
Débrider l’imaginaire et rivaliser avec la réalité, «d’égal à égal» : tel est le programme du romancier Vargas Llosa. Il reflète un appétit qui pourrait passer pour démesuré. Julio Cortázar comparait l'énergie de son ami Mario à celle de ce rhinocéros du zoo de Buenos Aires qui renversa les barrières de son enclos quand l’envie lui prit d'aller se baigner dans l’étang voisin. L’anecdote fait d’ailleurs écho à la manière dont Vargas Llosa lui-même évoque l’exorbitant pouvoir de l’écrivain, capable de saccager le monde, de le décortiquer, voire de le détruire, pour lui opposer une image littéraire née de la parole et de l’imagination.
Cette radicalité, que partagent les modèles de Vargas Llosa – Flaubert, Faulkner –, est à la source d’un univers imaginaire qui nous entraîne (Cortázar avait raison) avec la force irrésistible des grands mammifères. Il y a du démiurge chez l’auteur de Conversation à La Catedral. Et de l’architecte : ses livres sont des édifices minutieusement équilibrés, chacun a sa forme propre, ses audaces, son rythme, ses voix. Vargas Llosa gouverne en sous-main un monde polyphonique, violent, généreux, extraordinairement séduisant, auquel le public est fidèle depuis un demi-siècle.
Voici, en deux volumes, huit romans publiés entre 1963 et 2006, choisis par l’auteur et proposés dans des traductions révisées. Ils sont accompagnés d’un appareil critique qui a bénéficié du dépôt par Mario Vargas Llosa de ses archives littéraires à l’université de Princeton, où sont désormais conservés les manuscrits de ses livres, les carnets dans lesquels il consigne ses projets, mais aussi de la correspondance, des notes personnelles, des coupures de presse, d’autres documents encore qui autorisent, pour la première fois, une plongée dans l’atelier de l’écrivain.
Mario Vargas Llosa, écrivain pour l'éternité
Yves Viollier, La Vie (26 mai-1 juin 2016)
« Ces deux volumes de la Pléiade, avec abondance de notes et critiques, embrassent l'ensemble de l'œuvre.»
Mario Vargas Llosa, une "œuvre monde"
Gilles Biassette, La Croix (24 mars 2016)
«Mario Vargas Llosa faisant son entrée dans la Pléiade et rejoignant le club très fermé de la quinzaine d'auteurs reçus en ces lieux de leur vivant, c'est donc un juste retour des choses. Et une chance pour le lecteur français, qui peut plonger dans l'œuvre du prix Nobel agrémentée des notices aussi riches que complètes de la collection.»
Mario Vargas Llosa : "La Pléiade ? Le sommet de ma vie d'écrivain"
Bruno Corty, Le Figaro Littéraire (17 mars 2016)
« Vargas Llosa est le premier écrivain étranger à inscrire son nom, de son vivant, au catalogue de la « Bibliothèque de la Pléiade». L'édition en deux volumes de ses Œuvres romanesques, publiée sous la direction de Stéphane Michaud (qui a eu accès aux archives données par l'auteur à l'université de Princeton), est une belle réussite.»
« Toutes les traductions ont été revues. De la belle ouvrage ! »