La Pléaide

  • La Pléiade /
  • Catalogue /
  • Bibliothèque de la Pléiade /
  • Charles Péguy, Œuvres en prose complètes
Ajouter à ma sélection Ajouter à ma bibliotèque

Charles Péguy

Œuvres en prose complètes

Tome II
Période des «Cahiers de la Quinzaine» de la septième à la dixième série (1905-1909)
Édition de Robert Burac

Parution le 22 Février 1988
Bibliothèque de la Pléiade, n° 140
Achevé d'imprimer le 05 Janvier 1988
1648 pages, rel. Peau, 104 x 169 mm

71.50 € Acheter le livre

ISBN : 9782070111343
Code distributeur : A11134
GENCOD : 9782070111343

Le temps est véreux, dit ce Péguy-là. Un infatigable vautour ronge l'impérissable en nous. Et cette idée de progrès qui est au centre même du monde moderne, de la philosophie et de la politique et de la pédagogie du monde moderne est essentiellement une théorie de caisse d'épargne. Il y a une déperdition, une perte perpétuelle, une usure. D'un mot, il y a le vieillissement. Cet homme-là va vers ses quarante ans. Il sait donc. Il sait enfin que la Sorbonne et l'École Normale et les partis politiques s'ils ont pu lui dérober sa jeunesse ne lui ont pas
dérobé son cœur. Il sait, et il sait qu'il sait. Quoi? «Il sait que l'on n'est pas heureux.» Il sait que, depuis qu'il y a de l'homme, nul homme – jamais – n'a été heureux. Et il le sait même si profondément que c'est assurément la seule croyance à laquelle il tienne et cette science-là ruine le dogme sur lequel est fondé tout le monde moderne.
Aussi cet homme revient au monde antique. À Zeus hospitalier, le dieu des hôtes. Et si les hôtes viennent de Zeus, c'est que l'étranger vient des dieux. Que le mendiant, que le suppliant est un envoyé des dieux. Mais ces anciens dieux, malgré tout, ne savaient pas mordre. Et le Péguy de ces années-là, insatisfait, rencontre enfin le dieu qui mord et touche le dieu qui dévore. Un dieu qui, parce qu'il s'est dérangé en entrant dans l'histoire, sauve le temps. Est-ce parce qu'il se défait du monde moderne que Péguy trouve son dieu, ou le contraire? Ces pages le disent qui rassemblent les textes de Péguy publiés ou écrits entre 1905 et 1909.