En 1662 paraît La Princesse de Montpensier. Des copies de l’ouvrage circulent depuis quelque temps déjà. La nouvelle «court le monde», déplore l’auteur ; «mais par bonheur ce n’est pas sous mon nom».
En 1669, on dresse le portrait d’«Hypéride», alias Marie Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de Lafayette : «Elle écrit parfaitement bien, et n’a nul empressement de montrer ses ouvrages.» Quand paraît, l’année suivante, le premier volume de Zayde, il est attribué à Segrais.
En 1678, première édition, anonyme, de La Princesse de Clèves. Des rumeurs suggèrent que Mme de Lafayette pourrait en être l’auteur. Elle se dit flattée, mais dément.
Il reste que, chaque fois, le succès est au rendez-vous. En témoignent les nombreuses contrefaçons, traductions et adaptations de ces œuvres qui fleurissent dès le XVIIe siècle. C’est naturellement La Princesse de Clèves qui suscite le débat le plus véhément. Mme de Clèves a-t-elle eu raison d’avouer au prince son mari qu’elle était amoureuse de M. de Nemours? Le Mercure organise une enquête publique sur ce point. Le genre de l’ouvrage est mis en question. Roman d’imagination, roman historique, roman galant? La querelle fait rage entre les Anciens et les Modernes. Le livre inaugure un nouveau genre. Jugé invraisemblable, il donne lieu à une véritable entreprise de réécriture, que motivent l’étonnement suscité par le récit, les silences que l’on y perçoit, l’insatisfaction quant au sort de l’héroïne.
Sans doute ne lit-on plus l’œuvre de Mme de Lafayette comme on le faisait au XVIIe siècle ; c’est d’ailleurs ce qui garantit sa survie. Nous voyons dans La Princesse de Clèves un roman de la passion et de la destinée, un chef-d’œuvre de l'analyse psychologique, un sommet de la langue française, le livre d’une femme, l’acte de naissance du roman moderne. Mais il ne faut pas s’y tromper. Le rayonnement quasi mythique du livre tient à sa double appartenance : à son temps, au nôtre. La présente édition – qui rassemble tous les ouvrages attribuables (ou attribués) à celle qui n’en signa aucun – ne néglige aucune de ces deux dimensions. Les nombreux documents annexés aux œuvres éclairent leurs sources historiques et les conditions de leur réception ; les textes eux-mêmes, nouvellement établis, sont accompagnés, pour la première fois, des éclaircissements linguistiques désormais indispensables à une lecture exacte et sensible.
Aux œuvres s’ajoute la correspondance intégrale, qui montre que Mme de Lafayette ne doit pas être ramenée aux clichés que l’histoire littéraire nous a transmis sur son compte. «Elle a cent bras. Elle atteint partout», disait d’elle une amie chère, la marquise de Sévigné. Les lettres révèlent une femme d’influence, une femme d’affaires et d'intrigues, «persuadée que l’amour est une chose incommode», à la fois fascinée par la passion et aspirant à la paix intérieure, en un balancement qui est au cœur de son œuvre.
Madame de Lafayette, vous voici !
Catriona Seth, La Quinzaine littéraire (1/15 juin 2014)
«L'un des grands mérites de cette édition nouvelle - outre sa richesse - est de ne pas esquiver les questions -y compris et surtout celles auxquelles il est impossible, en l'état actuel de nos connaissances, de répondre.»
Indémodable Madame de Lafayette
Philippe Maxence, Famille chrétienne (31 mai/6 juin 2014)
«L'auteur de La Princesse de Clèves entre dans La Pléiade. L'occasion de (re)découvrir un classique qui marqua son temps, et qui continue de nous parler.
Avec un réel génie de composition, Madame de Lafayette entremêle, dans La Princesse de Clèves comme dans ses autres livres, les matériaux historiques et la fiction comme prétexte à une peinture de la nature humaine. Et c'est là qu'elle s'élève au rang d'un auteur réellement classique. Au-delà du temps passé, de l'évolution de la société et des moeurs, elle révèle ainsi l'homme à lui-même, dans une fidélité à sa double vocation d'écrivain et de femme chrétienne.»
Qui a peur de Madame de Lafayette ?
Jean-Paul Enthoven, Le Point (17 avril 2014)
«Elle publia, sans nom d'auteur (au XVlIe siècle, rien n'est moins honorable que d'être un écrivain!) quelques ouvrages - «La princesse de Montpensier », « Zayde », « L'histoire d'Henriette d'Angleterre »... - merveilleusement éclairés par leur nouvelle édition en «Pléiade», et qui sont un constant plaidoyer en faveur du renoncement ou de l'indifférence.»
Oeuvres complètes de Madame de Lafayette. Ses romans, nouvelles historiques et lettres entrent dans la Pléiade. L'occasion de redécouvrir l'écriture au scapel de la mélancolique aristocrate.
Gilles Macasar, Télérama (12/18 avril 2014)
«Nouvelle consécration pour Mme de Lafayette. Son oeuvre entre au complet dans la Bibliothèque de la Pléiade. Aux romans et nouvelles historiques (Histoire de la Princesse de Montpensier, Histoire de Mme la comtesse de Tende, Histoire de la mort d'Henriette d'Angleterre) s'ajoutent de très nombreuses lettres, richement documentées. Elles brossent un portrait inédit et contrasté de leur rédactrice.»