Après avoir longtemps fait partie, dans le monde arabe, de la panoplie culturelle de l’honnête homme, ces contes y connurent une longue éclipse. Puis vint, via l’Occident, le temps de la redécouverte. Au début du XVIIIe siècle, un érudit français, Antoine Galland, découvre le conte de Sindbâd de la Mer. Il s’informe, apprend qu’il appartient à un ensemble plus vaste et finit par recevoir de Syrie un manuscrit qui date sans doute du XVe siècle et qu’il va traduire à partir de 1704. C’est le texte fondateur de la carrière universelle des Nuits. Le succès est immédiat, considérable, constant. Des traductions fondées sur celle de Galland paraissent dans de nombreuses langues européennes. Bientôt, le monde entier lit Les Mille et Une Nuits.
En 2005, trois cent et un ans après Galland, Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel publient dans la Pléiade le premier volume d’une traduction nouvelle et intégrale des Nuits, qui fait aujourd’hui référence. Un Album accompagne cette publication. Surprise : les images ne sont pas là où on les attendait. En Orient, les contes des Nuits n’étaient généralement pas illustrés. Mais à partir du moment où le recueil est révélé à l’Europe, il entre de plain-pied dans une civilisation qui est, quant à elle, pétrie d’images. Ce que restitue l’Album réalisé par Margaret Sironval, c’est le regard que l’Occident a porté sur une œuvre venue d’Orient et relevant désormais de la littérature universelle.
À titre exceptionnel, la Pléiade propose – sous un nouveau coffret reproduisant Les Mille et Une Nuits du peintre vénitien Vittorio Zecchin (1878-1947) – les trois volumes de l’édition Bencheikh-Miquel et l’Album « Les Mille et Une Nuits » de Margaret Sironval. Il s’agit naturellement, pour l’Album, du tirage original : comme on le sait, les Albums de la Pléiade ne sont jamais réimprimés. Ce sont donc les derniers exemplaires disponibles de l’Album de 2005 qui sont joints, sous ce coffret, aux volumes procurant le texte des Nuits.