Derrière une œuvre, il y a un homme. On aime se le figurer surtout lorsque cette œuvre détient des éléments de grandeur. Dans tout ce livre d'Essais, Montherlant parle en son nom. On y voit quelle est son expérience ou son idée du bien, de l'action, du devoir, de la volonté, de l'honneur, du bonheur; et aussi comment il a réussi à poursuivre cet accomplissement personnel en faisant entrer tout – même ce qui nous dépossède le plus : passion, société, luttes politiques, guerres – dans la création littéraire qui seule lui semble majestueuse et sûre.
Montherlant s'est donné pour but dans ses Essais, comme dans son œuvre de fiction, de se comprendre, de comprendre les hommes et les choses.
De La Relève du matin (1920) à Textes sous une occupation (publié en 1953) persistent les mêmes inébranlables convictions lancées sous le même sombre horizon : la guerre et
la mort qui ont pris Montherlant de bonne heure.
«L'union de cette ironie avec une écriture royale», que Malraux a pu souligner chez
Montherlant, fait le prodigieux observateur qui a écrit pour les archives de l'histoire au niveau des «sceptiques sans ambition», les mémoires du demi-siècle qui vient de s'écouler.