«Le bon critique est celui qui raconte les aventures de son âme au milieu des chefs-d'œuvre.» Gide, en qui le critique est indissociable de l'écrivain, fait sienne cette formule d'Anatole France.
Les Essais critiques réunis dans ce volume nous le montrent se livrant avec intensité et de toutes les façons possibles à cette activité pour lui essentielle. Relisant les maîtres (Dostoïevski, Montaigne, Shakespeare ou Stendhal) dont il ne cesse d'approfondir la leçon, Gide leur consacre préfaces, conférences ou essais. Découvrant des auteurs, français (Larbaud, Giraudoux, Michaux...) ou étrangers (Conrad, Browning, Hamsun...), il s'efforce de les promouvoir. Polémiquant avec les uns (Barrès ou Maurras), rendant hommage aux autres (Mallarmé, Wilde, Rilke, Valéry...), celui qui, pour tant d'écrivains du siècle, fut le «contemporain capital», joue de son influence pour aider de nouveaux talents à percer et, simultanément, rend compte avec bonheur des influences qui le révélèrent à lui-même : «Combien de sommeillantes princesses nous portons en nous, ignorées, attendant qu'un contact, qu'un accord, qu'un mot les réveille !»
On trouvera dans ce volume l'ensemble des textes de Gide consacrés à la critique littéraire, en trois sections : Articles (comptes rendus, réponses aux enquêtes, chroniques, polémiques), Études (conférences, essais, préfaces) et Hommages. À l'intérieur de chaque section, les textes sont donnés dans leur version d'origine et dans l'ordre chronologique.