«Toute une génération a découvert Camus à travers ses éditoriaux : qualité d'écriture, noblesse de pensée, objectivité passionnée, Combat imposait un style sans concessions. Le moindre débat mettait alors en cause une conception de l'homme et de l'histoire. Comment vivre? interrogeait Sisyphe. De quel droit tuer? Dans une Europe convulsée, l'Homme révolté condamne à la fois l'amoralisme marchand et Ie Iyrisme révolutionnaire. Attaques, ripostes où la plume a l'éclat meurtri de l'acier ; amitiés brisées où le cœur se déchire. On rêve à Tipasa, aux Noces avec la nature mais Tipasa s'est hérissé de barbelés : l'éternel Été n'est qu'une oasis intérieure. Il reste, dieu merci, le métier d'écrivain et l'amitié : Jean Grenier, Martin du Gard, René Char et d'autres moins
illustres.
Méditations fiévreuses de l'adolescent sur L'Envers et l'Endroit des choses, combats du résistant, déchirement de l'Algérien, admirations du lecteur pour ses aînés, tâtonnements à la recherche d'une ligne de vie, les Essais
rassemblent les certitudes et les hésitations d'un homme pour qui la politique, l'éthique, l'art et le plaisir n'étaient que les faces multipIes
d'une existence en quête de sa forme et de ses sources. «Une œuvre d'homme n'est rien d'autre que ce long cheminement pour retrouver par les détours de l'art les deux ou trois images simples et grandes sur lesquelles le cœur, une première fois, s'est ouvert.»
Roger Quilliot.