Comme le note Sylvère Monod dans sa préface, «ce volume est bien le lieu privilégié pour se livrer à l'observation et surtout à la dégustation de ce phénomène littéraire exceptionnel qu'est l'humour de Charles Dickens». Les deux œuvres présentées ici, qui appartiennent à la première phase de la carrière de l'écrivain, témoignent en effet de ce qui est probablement la caractéristique la plus puissante et la plus distincte de son art.
Avec les Esquisses de Boz, Dickens donne sa toute première œuvre, qu'il appelle «un ballon d'essai» dont le but n'est que «d'offrir de petits tableaux de la vie et des mœurs telles qu'elles sont réellement». Aujourd'hui encore le charme demeure de ces carnets de croquis dont John Forster parlait comme d'«un livre qui aurait résisté à l'épreuve du temps même s'il n'y en avait pas eu d'autres». Notons qu'une partie des récits contenus dans ce recueil était jusqu'à ce jour inédite
en français.
Dans Martin Chuzzlewit, roman paru en 1844, l'humour s'épanouit ; entre l'exubérance comique de quelques passages et la délicatesse souriante de certaines scènes, une gamme pleinement représentative de l'art de Dickens s'offre au lecteurs. Martin Chuzzlewit est une œuvre éloignée de tout souci de perfection formelle, c'est par son foisonnement et son
extraordinaire vitalité qu'elle plaît.
L'annotation de l'un et l'autre livre retrace l'histoire des textes et éclaire les allusions et références qui abondent dans les œuvres de Dickens.