«Tout chez Giono se prête à l'iconographie : le visage, mûri et affiné au fil des ans ; l'écriture, qui fait la beauté de manuscrits dont chaque page réjouit l'œil ; la nature et la disposition des ébauches dans ses carnets de travail, sur la page desquels s'inscrit le dessin et comme le rythme de l'invention ; son intérêt pour la peinture, qui mêle des peintres, tels Bruegel ou Piranèse, à la conception même de ses œuvres ; son goût pour la photographie – soit qu'il choisisse parmi des photos qu'on lui propose une illustration possible d'un de ses romans, soit qu'il imagine toute une histoire à partir d'une photo qu'on lui présente, soit qu'il retrouve dans des albums d'anciennes photos anonymes la figure de certains de ses personnages ; son goût aussi pour les livres qu'il réunit dans sa bibliothèque, et pour les cartes qu'il ne se lasse pas de consulter (sans compter les annotations dont il enrichit les uns et les autres) ; d'autre part, le nombre et la qualité des peintres et des dessinateurs qui ont illustré ses œuvres, et la beauté des paysages réels qui ont servi de points de départ à ses descriptions.
Le choix et la présentation des documents réunis ici ont été, naturellement, l'occasion de faire le point des connaissances actuelles sur Giono. Mais on n'aborde pas la vie d'un auteur contemporain de la même façon que celle d'un auteur du passé. Devant la profusion des pièces d'archives dont une part, fatalement, échappe à l'investigation, le nombre et la diversité des traces, les possibilités à peu près infinies du témoignage ou de la confidence, notre première tâche était d'équilibre. En revanche, l'ensemble exceptionnel que constituent les dossiers, carnets, manuscrits de Giono et les livres de sa bibliothèque a permis de donner la première évocation complète et continue de cette carrière d'écrivain dans son développement interne.»
Henri Godard.