Toute la question est de savoir si une entreprise commerciale peut vivre en n’éditant que des ouvrages excellents de forme et de fond…

Paul Claudel à André Gide, 2 juin 1910.

L’équipe du Chemin

au mileu des années 1960.

Georges Lambrichs, Michel Foucault et et Philippe Sollers,

dans les jardins de la NRF.

1946-1970. D’un Gallimard l’autre

La mort d’André Gide en 1951 marque une rupture. Les frères Gallimard ont installé leurs fils au sein de la Maison. Mais une sévère crise de succession éclate au milieu des années 1950, tandis que l’entreprise est déjà entre les mains de Claude, le fils de Gaston. La mort accidentelle de Michel Gallimard, fils de Raymond, et d’Albert Camus en 1961 met un terme tragique à cette querelle.

Les succès de librairie (Autant en emporte le vent, Le Petit Prince, la collection de la Pléiade...) permettent à la Maison de mener une politique de développement éditorial et d’asseoir les fondations d’un groupe, avec le rachat de Denoël et du Mercure de France. Cette évolution, simultanée à celle d’Hachette, tend les relations entre l’éditeur et son diffuseur, qui rompent leurs accords commerciaux en 1970 ; cette décision provoque le retrait des titres de la NRF du « Livre de poche » (Hachette).

Chez Gallimard, un « directeur de collection est à lui tout seul une petite maison d’édition ». Avec Queneau, Camus, Paulhan, Malraux, Caillois, Lemarchand, Leiris, Étiemble, Duhamel, Lazareff, Lambrichs, la vie éditoriale s’épanouit, tant en littérature française – avec Char, Duras, Gary, Genet, Ionesco, Jaccottet, Prévert, puis Yourcenar, Le Clézio, Tournier et Modiano... – qu’étrangère, avec Borges, Cortázar, Roth, Pasternak, Kerouac, Mishima, Bernhard, Handke et Kundera...

Les essais ne sont pas en reste, avec notamment Aron, Sartre, Merleau-Ponty et Simone de Beauvoir ; François Erval, J.-B. Pontalis et Pierre Nora posent les fondations d’un département de sciences humaines, marqué par la publication en 1966 des Mots et les choses de Michel Foucault, l’essor de la nouvelle histoire (Duby) et le renouveau de la critique (Starobinski).

 

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